L’OMEP (Organisation mondiale pour l’éducation Préscolaire) a organisé une conférence débat, sur le thème : jeu et résilience, le 9 novembre 2016 à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville.
Boris Cyrulnik bien que ne participant pas à cette conférence a été très présent dans les esprits, notamment dans la présentation du cadre conceptuel « résilience et handicap socio-culturel ». Trois dispositifs ont illustré le rôle du jeu comme outil dans le processus de résilience : « On joue ensemble » dans une école, « Graines de résilience » dans un centre d’accompagnement à la parentalité et « Jardins du monde » en centre d’hébergement d’Urgence
L’OMEP (Organisation mondiale pour l’éducation Préscolaire) est une ONG créée en 1948 à la demande de l’UNESCO pour s’occuper des jeunes enfants, premières victimes de la guerre. Née en France, elle couvre 70 pays aujourd’hui.
Résilience et handicap socioculturel
La résilience est au centre du projet de l’OMEP. Pour bien comprendre le concept il est important de se souvenir de son origine. En physique pour un matériau c’est la faculté de résister au choc et de retrouver sa forme antérieure. En psychologie, il s’agit de retrouver une forme acceptable. Boris Cyrulnik dans « Ce merveilleux malheur »montre que lorsque l’on a vécu les plus grands drames, les situations les plus dégradantes, il est toujours possible de rebondir selon certaines conditions.
Alain Houchot, Inspecteur général honoraire et président de l’OMEP France, rappelle que Bourdieu avait mis en avant l’impact environnemental sur la réussite scolaire : le handicap socio culturel. Certains en ont déduit que l’on ne peut échapper à son origine sociale. Il est important d’articuler cette notion avec celle de résilience car cette dernière redonne de l’espoir aux professionnels qui peuvent s’appuyer sur leur savoir- faire et sur la capacité des enfants à la résilience. Il n’y a pas de fatalité liée à l’origine sociale. L’enfant a compétence à se reconstruire à condition de le mettre en position de créativité.
Le dispositif « on joue ensemble »
Est un outil de prévention pour renforcer les liens entre école, familles et partenaires socio-éducatifs. Mis en place dans une école du département de l’Isère. Aujourd’hui on compte environ 25 dispositifs similaires.
L’action est présentée par la rééducatrice de l’école, Maryse Charmet et par Maryse Métra, vice-présidente de l’AGSAS. Cette dernière évoque un article de S.Tomkievicz dans une revue d’Enfance Majuscule, citant Kant : « on invente en fonction de l’endroit où l’on est ».
Le dispositif se tient dans l’école entre 8h30 et 9H30 le jeudi matin. Les accueillants, qui varient selon les jours, sont membres du RASED, la directrice, des Assistantes sociales, du personnel de la ludothèque de la médiathèque. Le cadre est contenant, bienveillant et professionnel. Les parents qui viennent avec leurs enfants sont volontaires, il n’y a pas d’inscription. Certaines mamans viennent avec leur bébé. Après un accueil avec le café, dans une salle où des jeux sont installés, on joue ensemble, par îlots. Puis on range ensemble, on se regroupe, on fait cercle et on se lance un ballon en disant qui on est.
Les autres dispositifs vecteurs de résilience
Le dispositif s’est ramifié, en école élémentaire « les mercredis du jeu ». Les parents aussi, ont créé le lundi soir, « on goûte ensemble. »
L’espace est donné, avec un cadre sécure, contenant et ouvert, le jeu sert de médiation et les adultes sont tuteurs de résilience. Dans ce cadre sécure, chacun peut explorer de nouvelles postures et penser par soi-même.
Maryse Metra évoque aussi la « Casita », le bonheur est toujours possible de J. Lecomte et Stefan Vanistendael.
On n’est pas résilient tout seul. Le jeu est la médiation qui permet de rassembler, de combler l’écart culturel. Jouer c’est se confronter aux autres, mais on transforme les problèmes de la réalité autrement que dans l’affrontement.
Elle illustre son propos à l’aide de deux albums ci-dessous
Graines de résilience, c’est le projet de l’espace enfance Pierrot et Colombine
Dans l’Ain, à 80km de Lyon, sur un plateau de 8000 habitants vivent environ 300 familles réfugiées. Le centre accueille aussi des familles handicapées sociales.
Il n’est pas question de changer l’histoire de ces familles, mais de les reconnaitre comme porteur d’une histoire et de s’appuyer sur le 1% de marge de manœuvre.
Un atelier jouons tous ensemble a été mis en place. On se salue avec un nom et un prénom. A l’aide de l’exemple d’une petite fille, les animatrices montrent comment à l’aide de petits riens, on a permis de renouer avec l’école
Les jardins du Monde, pôle d’accueil et d’hébergement d’urgence de Bourg la Reine
Dans l’ancienne pouponnière sont accueillies des familles africaines (mère/enfants). Le projet est d’apporter un soutien à l’intégration des enfants, notamment au niveau du langage. Dans un cadre sécurisant, les mamans acceptent de lâcher leurs enfants, elles peuvent ainsi s’occuper de leurs démarches administratives. Toutes sortes de jeux sont proposées, des jeux de langage, des jeux structurés par des règles, ce qui est important pour le vivre ensemble, des chansons à répétition, jeu des petits chevaux, découpages, dessins, modelage. Des cubes stories avec actions et objets comme support pour raconter des histoires.
Les deux albums évoqués
« Ti Poucet » de Stéphane Servant : Ti Poucet est un enfant résilient
« Une petite fille sage comme un orage » de Alain Serres- éd. Rue du Monde
Ce fut une après-midi très riche et on pourra retrouver le contenu des interventions sur le site www.omep-france.fr
Liliane Chalon