La Coordination pour l’éducation à la non -violence et à la paix regroupe 82 associations et a pour objectif de promouvoir l’éducation et la formation pour développer une Culture de Non-Violence et de Paix, à travers une Quinzaine de la paix et un forum annuel. Le théâtre forum est un bon outil.
Promouvoir la paix, pourquoi ?
Dans une Société du spectaculaire où¹ la violence est perpétuellement mise en avant, les valeurs et les pratiques telles que l’écoute, la coopération, la médiation, la régulation non-violente des conflits et la solidarité doivent être enseignées afin de montrer que, une autre voie est possible. De plus, l’expérience nous montre que l’éducation à la non-violence et à la paix permet d’améliorer durablement le climat général des établissements scolaires et ainsi de réduire les phénomènes de micro-violences et de violences plus sévères.
La quinzaine de la Paix
Depuis 2009, notre Coordination anime la Quinzaine de la non-violence et de la paix qui couvre les journées internationales de la paix et de la non-violence en proposant chaque année une activité spécifique créative permettant aux enfants, aux adolescents, de réfléchir à l’idée de paix et de s’y investir.
En 2013, l’activité proposée pour la Quinzaine de la non-violence et de la paix s’inspirait du théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal et de sa forme particulière : le théâtre-forum .
Issu du théâtre de l’opprimé, le théâtre-forum est une technique de théâtre mise au point dans les années 1960 par Augusto Boal, à Sao Paulo au Brésil.
A l’origine, sous la forme de théâtre de rue, il a permis à des populations laissées pour compte d’oser prendre en main leur devenir. Le principe est que les comédiens improvisent puis fixent une fable de 15 Ã 20 minutes sur des thèmes illustrant l’oppression ou des sujets problématiques de la réalité sociale. Ils la jouent devant le groupe à qui est destiné le message. A la fin de la scène qui est généralement catastrophique, le meneur de jeu propose de rejouer le tout et convie les membres du public à des moments-clés où ils pensent pouvoir dire ou faire quelque chose qui transformerait le cours des évènements. Il s’agit donc d’une technique de théâtre participative, utilisée pour faire prendre conscience au public d’améliorations possibles, de nouvelles façons d’entrevoir un problème pour le rendre acteur dans une perspective de transformation
Nous avons proposé aux enseignants, éducateurs et animateurs de réaliser avec les enfants des saynètes dans l’esprit du théâtre-forum :
Une manière de donner la parole aux enfants, d’éveiller leur créativité pour tendre vers la paix lors de leurs petits conflits quotidiens, de les rendre acteurs de leur Vie,
– Une manière en même temps de rendre hommage à cette grande figure qu’est Augusto Boal, exilé du Brésil à cause de son engagement par le théâtre et accueilli en France ou il a pu développer sa forme si particulière de théâtre.
Le théâtre-forum est en effet un moyen vivant et concret pour permettre aux enfants, aux jeunes de vivre des moments forts de régulation de conflit de manière directe :
En passant de spectateur à acteur, « en entrant dans la peau de..¦ », « en chaussant les mocassins de ¦ » de l’agresseur, de la victime, du témoin, ils changeront de point de vue, exploreront diverses pistes,¦ lâcheront la logique de violence pour trouver avec leurs camarades toutes les solutions possibles pour résoudre les conflits mis en scène. Un chemin direct vers la paix !… pour passer de la théorie à la pratique, s’approprier une manière de réagir, une méthode, qu’ils pourront ensuite vivre en vrai dans leur vie quotidienne.
Car, lorsque l’on apprend à écouter les ressentis de l’autre, A les ressentir directement en prenant sa place, cela permet d’accéder à ses besoins, de les entendre, de les comprendre, de les accepter.
Avec le théâtre-forum, l’exploration de solutions est multiple car il y a remplacements successifs d’un acteur par un observateur désirant expérimenter une idée. Cela permet :
- de faire émerger des idées
- de redécouvrir des compétences insuffisamment exploitées chez les membres du groupe,
- de faire apparaitre les limites de chaque type de solution
- et de repérer des besoins en termes d’apprentissage.
Cela fournit aussi l’occasion de commettre des erreurs sans conséquences réelles car dans le jeu théâtral, pour pouvoir éviter de les refaire ensuite dans la vie réelle.
Pour développer les capacités de chacun et dépasser la peur du « théâtre », mais aussi pour stimuler la dynamique du groupe et la créativité individuelle et collective, on associe généralement à toutes ces activités des jeux de communication, des jeux coopératifs, et des exercices favorisant l’imagination.
Les groupes participants à la quinzaine sont invités à réaliser une vidéo de leurs saynètes et/ou prendre des photos et monter avec elles des panneaux où les participants peuvent témoigner de leur vécu, de leurs découvertes.
Annie Ghiloni