Ecole de la paix - Enfance MajusculeL’Ecole de la paix une association d’abord engagée dans l’aide aux réfugiés, qui promeut des outils et des méthodes pour prévenir les violences et promouvoir le vivre ensemble dans les écoles.

L’Ecole de la paix place l’éducation à la paix au cœur de son projet associatif

Pour paraphraser l’Unesco, « les violences prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

A l’origine, les membres fondateurs de l’Ecole de la paix se sont engagés dans l’aide aux réfugiés du Sud-Est Asiatique. Ils ont constaté que s’il était utile de venir en aide aux personnes réfugiées suite à la tragédie des boat-people, leurs efforts resteraient moins importants s’ils ne plaçaient pas l’éducation au cœur de leurs actions. Ils décidèrent donc de fonder l’Ecole de la paix. Ils commencèrent par adapter un outil pédagogique réalisé par la fondation pour la paix des Pays-Bas et intitulèrent cet outil  Le Sentier de la guerre ou comment l’éviter ». Puis, ils apprirent à construire des outils avec une méthode propre.

Une pédagogie basée sur l’image mentale qui permet de réduire « le passage à l’acte »

Tout d’abord, il s’agit d’évoquer pour sensibiliser. On pose les questions suivantes aux élèves : quelle expérience avez-vous ? Que savez-vous ?

Ensuite, nous proposons la mémorisation pour consolider. Nous demandons : « Qu’avons-nous fait la dernière fois ? Qu’en avez-vous retenu et est-ce bien compris ? Si des points semblent à revoir, on prend le temps de revenir dessus.

Le troisième temps consiste à expérimenter pour faire découvrir. En pédagogie, on sait en effet que l’expérimentation est la méthode qui donne les meilleurs résultats. Nous insistons ici sur les conditions de réalisation de l’expérience qui doit se faire, si possible, dans une ambiance de détente et de plaisir.

Parler-écouter-échanger pour assimiler : nous sommes adeptes d’une pédagogie active. Chacun doit pouvoir reformuler à sa manière l’expérience proposée.

Il s’agit ensuite de créer pour fixer. En effet, si l’expérience et la parole sont nécessaires, il faut ajouter une image mentale qui soit appropriée par l’enfant. Cette création peut se faire via un chant, une danse, une marionnette, une affiche, un jeu gestuel ou tout autre moyen.

Enfin, le dernier temps consiste à mettre en rapport pour ancrer. Pour ce faire, il faut faire des associations en s’appuyant chaque fois que cela est nécessaire sur la nouvelle image mentale pour conforter l’attitude recherchée.

Nous insisterons sur le fait que les images mentales sont à la base de notre capacité à penser et à agir. Plus une personne est pauvre en images mentales, plus elle sera à risques sur le plan du développement de la pensée et de la construction du lien social.

Des principes d’action qui s’inscrivent dans un projet éducatif de territoire

Comme le dit un proverbe africain : « Il faut tout un village pour éduquer un enfant ». C’est au cœur de notre proposition éducative. En effet, nous associons, lorsque nous le pouvons, tous les acteurs de la communauté éducative. En outre, si les problèmes de la société s’invitent à l’école, autant y faire entrer les porteurs de solution ? Dans nos certaines de nos interventions, nous invitons dès lors la police nationale, les pompiers, les éducateurs ou encore des juges à venir présenter leur discours sur la loi et la citoyenneté. Cet apport de partenaires extérieurs favorise un ancrage plus solide des valeurs (respect, tolérance) et constitue un ensemble pédagogique original.

Nous promouvons également un « continuum éducatif ». Cette expression compliquée signifie que nous disons à nos partenaires la nécessité de proposer régulièrement des animations sur la citoyenneté tous les deux ou trois ans. En effet, ce n’est qu’en renouvelant régulièrement des formations de ce type que nous pourrons changer les comportements.

Nous avons également participé à la réforme des rythmes scolaires. Pour ce faire, nous avons proposé des séances qui s’inspirent du théâtre-action.

Des pistes à explorer par l’Ecole de la paix

En ce qui concerne les objectifs, nous voulons participer plus aux réflexions qui se jouent actuellement sur le numérique. En effet, la cyberviolence est une demande forte dans la majorité des établissements concernés.

Pour rappeler les propos de Maria Montessori : « L’enfant, aujourd’hui, est un « citoyen oublié ». La société doit maintenant tourner son attention vers lui et créer un environnement qui puisse répondre à ses besoins vitaux et faciliter sa libération spirituelle. » Nous devrions aborder plus encore les pistes menant vers une citoyenneté non seulement consciente du rôle du parlement ou des institutions de la république mais aussi des actions que cette valeur implique, avec les enfants, pour aborder de façon plus constructive le rôle des enfants dans la cité.

Enfin, nous avons une réflexion à mener sur le triangle éducatif (parents-professeurs et élèves). Si nous intervenons bien au niveau des élèves, il nous faudrait peut-être élargir plus nos réflexions aux parents et aux professeurs afin que ce que nous proposons aux élèves soient mieux considérés et valorisés.

Propos conclusifs pour améliorer encore les efforts des acteurs de l’éducation en faveur du vivre ensemble

En guise de conclusion, nous rappellerons deux évidences. La première évidence réside dans le fait que nous ne pouvons penser changer les comportements dans les écoles si nous ne proposons pas régulièrement des piqûres de rappel. Ensuite, si l’Ecole de la paix a un message important à apporter aux élèves et aux enfants, elle ne peut se substituer aux autres acteurs, que ce soit l’Etat, les entreprises ou les parents pour ce qui concerne des problématiques plus lourdes de sécurité, d’emploi ou de justice sociale. Et pour ça, l’Ecole de la paix doit reprendre sa « casquette » d’association d’éducation populaire et s’engager sur ces thématiques.

Karima Bouguetaïa, Florent Blanc, Matthieu Damian