mere-enfantL’approche psychopathologique des néonaticides n’est pas aisée. Ces meurtres apparaissent effroyables parce qu’ils touchent des victimes vulnérables et parce qu’ils sont très éloignés de la représentation fantasmatique du parent maltraitant. 

Les coupables ne reconnaissent que très rarement une responsabilité dans un acte inaccessible à toute subjectivisation. Ce qui frappe, c’est l’absence de parole sur leur acte, le blanc de la parole. Le silence sur le pourquoi, le comment, sur ce qui pourrait se dire pour justifier leurs actes. Le terme de dénégation n’est pas suffisant pour rendre compte de ce qu’est l’infanticide.

L’analyse attentive de ces différents passages à l’acte permet d’en dégager 7 types :
– L’infanticide accidentel : 47 % des cas. Le bébé décède d’un passage à l’acte ou l’intention de tuer n’est pas manifeste. Nous incluons dans cette catégorie les cas de bébés secoués qui décèdent sans laisser de traces de maltraitance.
– L’infanticide de Silvermann : 23 % des cas. Nous utilisons cette qualification pour les situations où le bébé décède d’un choc brutal précédé de multiples violences ou de l’accumulation de négligences et de maltraitances.
– l’infanticide de bébé non désiré : 19 % des cas. La mère est dans ces situations la principale mise en cause. La grossesse a très souvent été gâchée et la mère accouche clandestinement à domicile en supprimant son bébé dès la naissance.
– L’infanticide par vengeance : 4 % des cas. Le mis en cause est aussi bien le père que la mère. L’enfant est souvent un enjeu dans un couple en crise est au bord de la rupture. Il est utilisé pour atteindre le conjoint et l’anéantir.
– L’infanticide pour mettre fin aux « souffrances » du bébé : 3 % des cas. l’homicide a lieu dans les jours qui suivent la naissance de l’enfant, très souvent dès le retour à la maternité ou les parents viennent d’apprendre que le bébé a un handicap. Le parent tue son enfant pour le soustraire à une vie qu’il considère comme insupportable. Il ne cherche pas à cacher son geste ou à accuser quelqu’un d’autre.
– L’infanticide lié à une psychose puerpérale ou à un épisode délirant aigu : 3 % des cas. Selon les critères utilisés les psychoses sont réparties sur des vocables différents : bouffées délirantes aiguës, épisodes délirants, troubles schizo-affectif.
– l’infanticide altruiste des mélancoliques : 1 % des cas. Dans ces situations, le mis en cause tue son enfant en ayant projeté de se suicider. « C’est pour rendre service à la victime qu’on lui a ôté la vie ».

Extrait d’un article d’Hélène Romano issu de la revue Enfance Majuscule n°98.

Étude sur les processus psychopathologiques dans les infanticides à partir de l’analyse de 95 situation de mort suspecte violente dans le cadre de l’activité d’une cellule d’urgences médico-psychologiques d’un SAMU et auprès du Docteur Anne Tursz pour le ministère de la justice. Rapport ministériel de juillet 2005.