La Carotte et le Bâton

Ce roman pour adolescents écrit à la première personne aborde le grave problème du harcèlement, mais aussi celui de l’amitié, de la vie au collège, scandée par les périodes de vacances, de la famille. L’issue qui a failli être fatale est ouverte sur un futur positif.

Emilie, vient de déménager et par chance elle se fait une amie Chloé, sa voisine et elles sont dans la même classe de 3è. Elles se disent qu’elles n’ont pas tiré les meilleures cartes, Emilie a les cheveux rouges flamboyants et Chloé s’entend assez mal avec sa belle –mère.

Très vite Emilie devient la cible des moqueries de Barbara dite Barbie, très belle, redoublante et déléguée de classe et celles des autres qui veulent lui plaire. Puis on la fait trébucher, on lui jette de la nourriture dans les cheveux.

La carotte et le bâton, c’est le jeu dont Emilie est la victime : on crie carotte quand on la fait rougir et bâton quand on parvient à la faire pleurer.

Chloé résiste un temps mais elle est invitée à la fête de Barbara , elle se laisse séduire, a peur d’être marginalisée et prend ses distances avec Emilie d’autant qu’elle est un peu jalouse du cocon familial dans lequel elle vit et qu’elle lui a fait partager le temps d’une soirée de week-end.

Deux refuges dans le collège pour Emilie : le CDI où elle peut lire comme elle veut et participer au club de lecture et l’infirmerie où elle se réfugie quand elle est trop mal ; mais elle ne veut ou ne peut rien dire, elle préfère se laisser humilier en classe et même blesser.

La copine de son frère Leila, marocaine, a tout de suite compris, elle a eu aussi à subir les brimades lorsqu’elle était collégienne et lui conseille de parler au moins à ses parents qui tentent d’intervenir mais ça aggrave les choses.

Après la trêve des vacances, il y a escalade dans les représailles, on lui coupe une mèche de cheveux et puis on passe au cyber harcèlement.

Les adultes du collège ne comprennent rien à ce qui se passe, seule l’infirmière manifeste son inquiétude.

Emilie sait que ses parents la changeront d’établissement pour l’entrée en seconde mais il faut terminer l’année et le faux compte créé à son nom avec des messages d’insultes est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Devant l’ordinateur de son père, sur l’air du Paradis blanc de Michel Berger elle coupe ses cheveux mèche, après mèche, puis elle écrit une lettre à ses parents leur demandant pardon. « …. Je veux juste que ça s’arrête »

La TS (tentative de suicide ) est juste évoquée dans l’épilogue. Chloé devenue infirmière scolaire se fait accompagner d’Emilie pour une séance de prévention durant laquelle Emilie repère immédiatement la forte tête et celui qui est sans doute la cible.

L‘écriture à la première personne par deux filles, élèves de troisième qui racontent ce qu’elles ressentent permet une identification facile et tout pathos est évité. On perçoit très bien la difficulté à dire et la honte ressentie par celle qui est harcelée, les hésitations et la crainte d’être maltraitée à son tour de l’amie. La tentative de suicide est à peine effleurée. Et l’épilogue est le volet positif, elles retournent dans le collège de leur adolescence faire de la prévention au harcèlement car il n’y a pas de solution miracle !

Ce livre est un bon support pour en parler.

Ecrit par Delphine Pessin, publié par Talents Hauts