Publié à l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale, La Guerre en Mille morceaux est une célébration de la paix, un musée de papier, composé d’une cinquantaine d’objets provenant des tranchées et du quotidien et racontée par un soldat imaginaire. Racontée à hauteur d’enfants, depuis l’ordre de mobilisation jusqu’à la capitulation de l’Allemagne et le retour à la vie et au travail. Le livre fait alterner textes, photos et dessins. Les objets photographiés sont aussi bien français qu’allemands. Les soldats sont de toutes nationalités L’horreur est dans les chiffres, dans certains adjectifs utilisés, et dans le meurtre de ceux qui ont su crier la vérité, elle est allégée par un texte souvent poétique et le contraste entre l’objet montré et son contenu, ou son utilisation.
Mathurin est surpris en plein travaux des champs et se souvient de chaque instant ; très vite il est devenu le soldat Machin. Ses copains venaient de villes lointaines. Il raconte les tranchées bien plus difficiles à creuser que tous les travaux des champs.
Il existe un jeu des tranchées, mais les tranchées ne sont pas un jeu ; un mouchoir avec des instructions militaires, un obus aplati et gravé d’un visage chéri, des soldats de bois, de plombs, de papier, des balles transformées en crayon et stylo.
Hélas on ne peut tout dire et tout écrire et malgré des photographes qui montrent dans les journaux des soldats forts, ils sont en fait brisés : « nous étions les sacrifiés de cette guerre infâme ». Et lorsque des soldats ont osé hurler la vérité, « leurs chefs ont tiré des balles de silence sur leur poitrine ».
L’auteur parle de l’odeur mortelle de la guerre, de folie meurtrière, de peines inconsolables.
Les soldats viennent de toutes les régions de France, mais il y aussi les Algériens, les Sénégalais, les Russes, les Américains, les Belges, les Chinois, les Canadiens : cette guerre était bien mondiale.
Le livre se referme sur la caisse qui contient tous les objets, mais elle est bien plus que cela : la guerre en mille morceaux du soldat Machin et s’achève sur un clin d’œil aux cérémonies du centenaire : « Jamais je ne l’ouvrirai, ou juste une fois tous les cent ans, pour vérifier que chacun de ces morceaux est toujours vivant ».
Livre admirable, qui rend accessible, cette horrible guerre à des enfants d’école primaire, tout en privilégiant une idée de la paix. Écrit par Alain Serres qui s’est appuyé sur sa collection personnelle d’objets qu’il a photographiés ; les dessins sont de Zaü. Le livre est édité par Rue du Monde.