“Mignonnes”, témoignage puissant d’un brouillage de repères…

Par une démonstration magistrale, ce film réalisé par Maimouna Doucouré renvoie à l’immense décalage entre la maturité des enfants, leur capacité à appréhender le monde, la société, leur place et les intérêts provoqués, induits par des loisirs inadaptés et des contextes familiaux complexes.

C’est avec beaucoup de finesse et un jeu des jeunes actrices époustouflant, que le film fait prendre conscience de la façon dont les enjeux et le sens de cette démarche de danser dans un groupe sont différents pour chacune.

Immense décalage aussi entre ce que chacune donne à voir et ce qu’elle sait réellement… Leurs échanges (dont on suppose, dans la séquence, qu’ils sont les commentaires d’images de sites) sont d’une candeur amusante si l’on ne pense pas aux dérapages auxquels ils conduisent de plus en plus, cf aussi la danse finale dont le message d’obscénité leur échappe complètement.

Plus que la polémique qui voudrait dénoncer l’ambiguïté de ce film et le réduire à une problématique d’ « hyper sexualisation des petites filles », on peut plutôt s’intéresser à ce que l’appartenance à un groupe, l’isolement affectif au sein de la famille, le manque de repères ou au contraire l’impossibilité de questionnement sur ce qui est un fait culturel, conduisent à aller chercher des références de construction de soi et des validations sur internet et les réseaux, avec tous les dérapages qui ne sont plus à démontrer.

C’est un film très fort, remarquablement mené traitant de sujets actuels très bien articulés.