Enfance Majuscule, partie civile, était représentée par Maître Corréia. La cour d’assises d’appel de Strasbourg a tranché : 14 ans de réclusion criminelle pour cette femme qui a donné la mort à 5 de ses enfants à la naissance. Une peine moins lourde que les 20 ans de son premier procès, et conforme aux réquisitions de l’avocat général.
Ce deuxième procès s’est tenu à Strasbourg du 21 au 23 octobre 2020. Après l’interrogatoire de l’accusée sur son enfance, suivie des rapports médicaux et psychologiques, les experts ont tenté d’éclairer la personnalité de Sylvie Horning et se sont penchés plus spécifiquement sur un éventuel déni de grossesse.
La cour d’assises a entendu les enfants de Sylvie Horning, les médecins légistes et les enquêteurs ayant procédé aux gardes à vue de l’accusée et de son compagnon. A la suite de ces auditions, le conjoint, aujourd’hui décédé, a du être hospitalisé en état de choc. Ce traumatisme est également évoqué par les enfants, tous trois très éprouvés par la disparition de leur père un an après la découverte des faits, et par une mère incompréhensible.
Lors de son audition sur les faits, l’accusée « frappée d’amnésie » par rapport à ses déclarations devant les enquêteurs répondait en boucle aux différentes questions : « Si je l’ai dit, c’est que ça doit être vrai ! Je ne sais pas, je ne peux pas vous répondre. Je ne me souviens pas. » Assertions répétées qui ont agacé jusqu’à son conseil, Maître Berton, et qui ont fait dire à Maître Belarbi, avocate du fils de l’accusée, que ce procès est celui d’un « rendez-vous manqué ». En effet, outre l’absence de réponse sur le « comment », il n’y aura toujours pas de réponse à la question du « pourquoi », à part « je n’en voulais pas ».
Le débat a tourné autour du déni de grossesse ; le déni total a été écarté par les experts et les parties en présence, du fait des déclarations de l’accusée elle-même « à partir de 5 mois je les sentais bouger ». A été retenu un déni partiel suivi de grossesses cachées après les 5 premiers mois, l’accusée ayant déclaré aux enquêteurs « porter des vêtements amples, se faire vomir après les repas pour ne pas prendre trop de poids, se débrouiller pour se disputer avec son mari afin d’éviter les relations sexuelles ».
L’avocat général Jean Luc Jeag lors de son réquisitoire rappela que Sylvie Horning avait été au planning familial pour prendre la pilule à l’âge de 17 ans, que son niveau d’intelligence était incompatible avec ses affirmations sur son ignorance concernant la posologie de la pilule, qu’elle avait pratiqué une IVG en 1985, qu’elle aurait pu recourir à l’accouchement sous X plutôt que de choisir de supprimer la vie de 5 nouveaux nés, que le droit de vie et de mort n’existait plus depuis l’empire romain.
Enfance Majuscule, partie civile dans ce procès, déplore qu’au moment de la naissance de sa fille Tiffany, annoncée trois heures avant l’accouchement, une prise en charge adaptée de Mme Horning n’ait pas eu lieu. Il est inconcevable que les trois enfants survivants ne soit pas marqués à vie, non seulement par les actes perpétrés par cette femme mais par l’indifférence et le fonctionnement autocentré dont elle a fait preuve durant tout le procès, ne pleurant que sur elle-même.