Comment prévenir les abus sexuels et la maltraitance ?

Pour avoir beaucoup réfléchi sur les questions de prévention, sur l’école maternelle, ce travail de prévention des abus sexuels et de la maltraitance me semblait chose possible et aisée pour quiconque s’est intéressé à ces questions. Hélas, il a suffi d’une rencontre de quelques minutes pour que mes certitudes soient remises en question. Voici le récit de ce moment.

Une Anecdote qui interroge

J’étais sur le chemin du cinéma quand je croisai une fillette de 3 ans environ (pas plus de quatre), couchée sur le trottoir et trépignante. Une maman et une autre femme essayaient en vain de la faire se lever. Je me suis crue maligne et me suis dit « je vais tenter un coup ! ». Je m’adresse à la fillette et lui dis : « Tu veux venir avec moi ? », persuadée qu’elle va se lever et se précipiter vers sa maman. Et là, oh stupeur !, Elle se lève et vient vers moi, prête à me suivre. Suit un échange avec la maman qui lui dit « ce n’est pas contre la dame qui a l’air gentille, mais tu sais bien que je t’ai dit qu’on ne suit pas quelqu’un qu’on ne connait pas ! »

La mère avait fait acte de prévention et pourtant la fillette allait me suivre. Et nous savons bien que les prédateurs se présentent sous le jour le meilleur, afin de conquérir la confiance des enfants.

La prévention, une approche croisée

Plus les enfants sont jeunes, plus c’est difficile. On ne doit pas leur faire perdre leur confiance envers les adultes, on ne peut leur dévoiler les horreurs que des adultes sont capables de faire subir même à des bébés. En revanche, nous nous devons d’alerter les adultes sans rien taire sur ce dont sont capables les prédateurs, afin de les convaincre de la nécessité de prendre garde aux enfants et de donner à ceux-ci les outils pour se défendre en l’absence d’un adulte protecteur.

Mon hypothèse, tirée de mon expérience d’autres types de prévention (cf. les toxicomanies) est que la prévention doit être une approche croisée, de la famille, du pédiatre et ou de la PMI, de l’école ; chacun dans son rôle. Comme toutes les actions de prévention, elle ne peut être ponctuelle mais doit se poursuivre dans le temps, en fonction de l’âge des enfants. De même, les mises en garde ponctuelles sont inefficaces, on le sait pour la prévention des conduites à risques, ou plutôt ne peuvent être efficaces sur la durée : un enfant à qui l’on vient de parler, va refuser le bonbon qu’on lui propose, mais la semaine suivante il aura oublié la mise en garde et s’il ne l’a pas encore oubliée il, acceptera la glace, parce que sa mère n’aura évoqué que les bonbons.

Il convient d’aborder le problème par le biais de thématiques plurielles : la question du corps, les droits de l’enfant. Mais aussi en favorisant chez l’enfant, l’acquisition de compétences personnelles telles que le respect, l’estime de soi, la capacité à dire non. Acquisition pour lesquelles l’enfant doit être actif, et non pas recevoir passivement des informations aussi bien faites soient-elles de la part des adultes.