Dépenses sociales et médico-sociales des départements en 2023 : au pied du mur

L’ODAS (Observatoire National de l’Action Sociale Décentralisée) a présenté, mercredi 19 juin, l’enquête réalisée comme chaque année avec le concours de 47 départements de métropoles. Ces statistiques ne sont qu’une image d’une partie du territoire français, hors outre-mer.

En 2023, les dépenses sociales et médico-sociales augmentent un peu plus rapidement que le rythme de l’inflation, alors que les recettes ne progressent pas. La dépense nette d’action sociale départementale s’élève à 43,6 milliards d’euros, soit une dépense supplémentaire par rapport à l’année précédente de 2,15 milliards d’euros (+ 5,2 %).

Les augmentations les plus importantes concernent l’aide sociale à l’enfance, le handicap et le personnel départemental, dues en majorité aux hausses de salaires et à l’inflation.

La dépense nette pour la protection de l’enfance connaît une augmentation de + 10,2 %. Elle atteint désormais 9,76 milliards d’euros contre 8,86 en 2022, année où l’évolution était déjà de + 6,9 % par rapport à 2021.

Cette progression résulte pour deux tiers des revalorisations salariales, mais elle traduit également une forte augmentation du nombre de jeunes concernés + 12 500, 86 % d’entre eux étant accueillis.

Il est vraisemblable que cette augmentation du nombre de mineurs accueillis traduise une fragilité croissante des situations familiales y compris au niveau psychique, l’isolement des parents, la dégradation des liens sociaux, la faiblesse des mécanismes d’entraide et des actions de prévention.

Le nombre de MNA progresse de 28 %. Ils seraient 31 100 fin 2023. L’Odas constate que l’accueil de ces jeunes, généralement très motivés soit pour travailler, soit pour étudier, a ouvert des pistes de réflexions pour certains départements quant à l’accueil des grands adolescents.

Pour la deuxième année consécutive, la dépense de personnel accuse une augmentation importante, de plus de 6 % (+ 6,7 % en 2023, + 6,1 % en 2022). Elle passe ainsi de 4,19 milliards d’euros à 4,47 milliards d’euros et représente 10 % de la dépense totale d’action sociale. Parallèlement, la situation des finances départementales s’est dégradée entre 2022 et 2023 du fait notamment des effets de l’inflation et d’une réduction des droits de mutation à titre onéreux, dégradation qui pourrait se prolonger en 2024. Les investissements ont cependant continué d’augmenter, marquant la résilience des collectivités départementales.

Les politiques réparatrices de l’action sociale sont un puits sans fond, et les besoins ne pourront qu’augmenter. La seule voie d’amélioration serait la reconstruction et l’entretien des solidarités de proximité. La conclusion de l’Odas se veut tout de même positive : « Une perspective atteignable par la mobilisation conjointe des services de l’État, des départements, des communes, des acteurs locaux et des habitants, sans omettre la nécessité de changer de regard sur les personnes accompagnées, en ne les réduisant pas à leurs difficultés et en s’appuyant davantage sur leurs potentialités ».


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