Le 9 novembre dernier, l’ICE organisait un débat passionnant autour de positions très contradictoires quant à l’utilisation des psychotropes chez l’enfant. Ce sujet, depuis longtemps déjà, fait débat : pourquoi prescrire un psychotrope, dans quel contexte, s’agit-il de guérir le symptôme ou la maladie ?
Même si leur usage en première intention est fortement déconseillé par les autorités de santé,
et que nous ne doutions pas de l’éthique des professionnels de santé prescripteurs, il n’en demeure pas moins que l’on constate une évolution exponentielle de l’utilisation de ces médicaments (+224% pour les hypnotiques). Quoiqu’il en soit, la prévalence des maladies psychiques des enfants a doublé, et les traitements sont de plus en plus longs (d’une durée de 5 à 7 ans), ce qui laisse conjecturer une approche biomédicale hégémonique.
On ne peut s’étonner qu’elle soit pratique courante,
compte-tenu de la cohorte de plus en plus importante d’enfants nécessitant des soins, du peu de pédopsychiatres encore en poste et du temps d’attente effarant pour un accès aux soins psychiques pris en charge par l’État. Il est évident que cette pratique, répondant de manière rapide à la demande pressante de l’arrêt des symptômes, ne permet ni l’émergence de la genèse de tels symptômes, ni la mise en place de solutions psychosociales possiblement efficaces. Lorsque l’on sait qu’un enfant de milieu social très défavorisé a 20% de plus de « chances » de se voir prescrire des psychotropes qu’un autre enfant, et qu’un enfant en ingère 20 fois plus qu’un adulte, nous ne pouvons qu’y voir le SYMPTÔME d’un énorme dysfonctionnement de notre société.