Présentée par l’association OPEN et organisée par l’association ISMENE le 29 janvier 2020 au Théâtre de Boulogne-Billancourt, cette conférence avait pour objectif d’identifier les problématiques, d’aider et d’accompagner les parents de façon à protéger les enfants.
La question de l’intimité est totalement mise à mal par l’exposition publique du système même des réseaux, et il y est maintenant opposé le terme d’ « extimité ». Ce système, paradoxalement, permet aux jeunes, par la réaction des autres de mieux se connaître et d’enrichir leur personnalité dans un processus de construction, de quête personnelle et relationnelle. Ces principes sont complémentaires et inséparables de la quête identitaire si forte à l’adolescence.
Toutefois, le rapport au corps et à la sexualité, du fait du développement de ces mêmes réseaux sociaux, a évolué vers une obligation sociale d’être un véritable produit. Les jeunes filles en particulier, au sortir de l’enfance ou à l’adolescence, sont particulièrement vulnérables à la mise en scène qui est exigée par ces réseaux. Elles sont beaucoup plus exposées que les garçons, et l’exemple était cité de l’avalanche de photos pornographiques que les filles reçoivent dès lors qu’elles créent un site ou qu’apparait un prénom féminin.
Il y a aussi, dans le cadre des nouveaux usages, un risque majeur lié aux smartphones, aux applications de rencontre destinées aux adolescents, qui de fait, peuvent rapidement perdre le contrôle de leur image et se trouver dans des processus prostitutionnels et de pornographie dont ils n’ont pas mesuré la prégnance et la gravité.
Les conférenciers ont évoqué le contexte bien particulier des visionnages pornographiques en indiquant que 63% des garçons et 37% des filles de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site et, de façon privilégiée, à partir d’un smartphone. Il semble que la clientèle féminine soit en progression constante, ce qui n’est pas sans incidence sur les relations sexuelles. 53% des adolescents « sont tombés » sur ces contenus involontairement, ce qui interroge cruellement sur l’application de la loi (article 227-24 du code pénal).
Il est de toute évidence indispensable que des mesures d’importance soient prises : le « disclaimer », parfaitement contournable est totalement insuffisant pour protéger les enfants, et on doit obliger les sites à trouver des solutions pour que la loi soit appliquée. Des dispositifs pénalisants sont prévus mais peu opérants et les revenus générés de ces sites « non-payants mais pas gratuits » sont phénoménaux.
- Le contrôle parental soit s’appliquer intelligemment et de façon éclairée, une formation s’impose également sûrement aux parents.
- Il est absolument nécessaire pour empêcher l’effraction psychique par la pornographie, qui perturbe les enfants et les adolescents, que ceux-ci soient, à l’heure actuelle et malheureusement, préparés à ce type d’agression, leur expliquer le processus d’agression qui est une véritable machination.
- La réponse sociétale à l’éducation sexuelle n’est pas à la hauteur de la situation de la puissance de feu des sites pornographiques et des possibles addictions qu’ils peuvent induire, de par l’excitation qu’ils installent à un âge de remaniements importants et des nouveaux contextes auxquels sont confrontés les enfants. Il convient de sortir des approches hygiénistes ou sanitaires pour aborder les questions affectives et émotionnelles, qui leur permettront, de surcroît, de maîtriser et comprendre les différents risques et pièges qui leur sont véritablement tendus.
Leur place d’enfant et de sujet en construction doit se faire dans un climat de confiance réciproque, d’authenticité relationnelle et affective, de façon à ce qu’une aide, dans le cadre d’une éducation préventive, puisse être proposée, que ce soit par un parent ou un adulte compétent capable d’accompagner et expliquer en respectant l’intimité de chacun.