Que vaut la parole des enfants face à la parole des adultes ? Même s’ils ont quitté l’enfance, que valent leurs mots et leurs souvenirs d’enfants ?
Dans le cas d’un adulte face à une plainte grave exprimée par un enfant : l’adulte attend de l’enfant qu’il dise LA vérité, c’est-à-dire en décrire précisément les circonstances, répéter mot à mot les paroles prononcées, dessiner verbalement le visage et la silhouette de l’agresseur, évaluer l’importance du dommage subi, bref, d’endosser un rôle a minima d’adulte non victime voire une fonction d’expert chevronné.
La vérité de l’enfant
Or, les enfants disent LEURS vérités. C’est en toute bonne foi qu’ils en fournissent plusieurs versions, selon qu’ils la disent à un camarade curieux, un adulte proche bienveillant, ou un inconnu sévère, selon, également, leur état d’esprit du moment (curieusement, les adultes oublient qu’ils ont été et sont encore parfois, eux aussi, des conteurs de vérités multiples et pourtant sincères).
Une parole logique ?
Paradoxalement, c’est quand un enfant raconte toujours la même chose, relate obstinément la même version logique, convaincante, savamment illustrée, qu’il faut être circonspect car, en ce cas, il y a lieu de penser que l’enfant ne fait que répéter ce qu’on lui a appris, pas ce qu’il a vécu. Un enfant qui a vraiment été abusé donnera obligatoirement des versions multiples, confuses, voire contradictoires, tout particulièrement quand il a subi des sévices sexuels de la part d’un proche.