Confinement : repérer les signes de stress et d’anxiété chez l’enfant

Il est d’autant plus difficile de repérer les signes d’anxiété et de stress chez les enfants, qu’en cette période de confinement les adultes eux-mêmes sont pris dans un contexte qui les dépasse.

Les parents pourraient être tentés de mettre sur le compte de l’énervement dû au confinement, des développements de comportements anxieux chez leur enfant. Les enfants ne sont pas des adultes en miniature ; ils ont parfois peu de mots pour exprimer leurs angoisses, et il est très difficile de décoder leurs réactions pour des parents eux-mêmes pris dans un contexte très particulier. Savoir écouter les signaux d’alerte permet d’y répondre avant que l’anxiété ne prenne de l’ampleur.

L’enfant est un concentré d’émotions et, lorsqu’il tente de les exprimer, il est rare qu’il soit véritablement écouté et compris. Bien souvent, en souhaitant le protéger, ses parents minimisent la situation. Or, il est exposé quotidiennement ; d’une part, aux peurs des ainés, et d’autre part, aux informations qui circulent en boucle et qui, malgré la vigilance des adultes, ne peuvent pas lui échapper.

Repérer les signaux d’alerte

Un changement radical du comportement de l’enfant dans un des domaines de sa vie quotidienne doit alerter.

  • le sommeil : Il dort de moins en moins bien, se réveille la nuit, fait des cauchemars,
  • la nourriture : il refuse de manger ou, au contraire, se jette sur tout ce qu’il trouve à portée de main,
  • il a des colères inexpliquées, devient violent ou, au contraire, se renferme sur lui-même.

Il est urgent de lui expliquer avec des mots clairs, simples et adaptés à son âge la réalité de la situation : « oui, nous sommes dans une situation où il faut tou·te·s nous protéger : en se lavant les mains, en toussant dans son coude, en évitant les câlins et les bisous, pour ne pas transmettre ce méchant virus à notre entourage, et c’est pour cela que l’on reste tou·te·s à la maison. Même si l’on n’est pas malade nous-même, on peut transporter avec nous un peu de ce virus et le transmettre à des gens plus fragiles ».

Un langage de précaution et d’espoir

Les enfants doivent se sentir concernés, et partie prenante d’une lutte que nous allons gagner tou·te·s ensemble. Il est important qu’ils en voient l’issue, en expliquant que les pays qui ont pris des précautions et mis en place un système efficace ont gagné contre le virus et que les adultes et les enfants peuvent à nouveau, petit à petit, sortir dans la rue et retourner à l’école.

Ce langage à la fois de précaution et d’espoir est très important pour que l’enfant ne se sente pas responsable de l’avenir de l’humanité, et ne développe parfois une phobie de la saleté (en se lavant les mains sans arrêt, par exemple).

Nous tirerions un grand bénéfice à solliciter leur aide et leur coopération, en leur demandant de partager aussi bien les tâches nécessaires à la vie en collectivité, que les inquiétudes qui peuvent traverser les un·e·s et les autres.

Chaque enfant, quel que soit son âge, détient le pouvoir de puiser en lui-même de quoi apaiser son angoisse, pour peu qu’on l’y aide un peu. Pour cela, les questions ouvertes sont les plus efficaces, car elles laissent l’enfant aller au bout de son raisonnement et permettent de l’accompagner vers ce qui l’inquiète le plus.

Question ouverte

Lorsqu’un enfant demande : « on va tous mourir ? », la question ouverte : « qu’est-ce qui te fait penser qu’on va tous mourir ? » permet d’approfondir le contenu de ses pensées plus précisément qu’en lui répondant directement « Non mon chéri, nous n’allons pas tous mourir… ». Il faut relancer chacune de ses interrogations par des « pourquoi ? », « qu’est-ce qui te fait penser que… ? », etc. Cela permettra de comprendre la nature de l’anxiété de l’enfant qui est peut-être très différente de celle que l’on avait imaginée et d’y répondre plus efficacement.

Ne pas nier son anxiété, ne pas la minimiser non plus, mais la comprendre en se mettant à hauteur d’enfant.

Il a besoin d’une certaine stabilité dans ses repères. Or, cette période de confinement le bouleverse et une autre sorte de stabilité est nécessaire. C’est la raison pour laquelle les parents doivent prendre soin d’eux-mêmes pour pouvoir mettre un cadre rassurant sur une situation qui ne l’est pas.

C’est le moment pour l’adulte de donner un exemple particulièrement fondateur pour l’enfant de contrôle de soi-même, de maîtrise de son humeur, de respect des autres, etc.

Afin de les aider dans cette épreuve difficile, de nombreux professionnels mettent gratuitement à disposition des adultes des tutoriels pour les aider à se relaxer, se défouler, se comprendre, s’organiser et s’entraider.

Parler « vrai » à son enfant

Il est possible que dans l’entourage de l’enfant, des proches soient victimes du virus et en meurent. Bien-traiter son enfant, c’est aussi l’informer de la réalité en parlant « vrai ». Et s’il est essentiel de toujours lui dire la vérité, il n’est pas non plus nécessaire de lui dire toute la vérité : il est inutile, par exemple, de décrire l’agonie de Papi à l’hôpital.

De nombreux ouvrages, sites, blogs, sont mis en ligne pour aider les parents dans leur vie quotidienne afin qu’elle ne soit pas empoisonnée par la peur. Enfance majuscule propose une rubrique sur le sujet : En période de confinement, aide à la parentalité bientraitante.

Protéger son enfant de toutes les angoisses est impossible, mais nous savons aussi que l’expérience fait grandir et que nos enfants nous étonnent par leur intelligence.

Nous devons apprendre à accepter leurs peurs, et les aider à les domestiquer pour s’en servir au mieux.

L’enfant est perméable au non-dit, au ressenti, il est donc urgent de savoir écouter les signaux d’alerte.