Vous dire autrement…

Il y a dans l’existence de tout enfant, une tranche de vie que j’appelle le temps du Paradis. Il peut s’agir d’un lieu, d’un espace, d’une période où l’air n’a pas le même goût, où la consistance du sol est plus moelleuse, où chaque geste, chaque rencontre a des prolongements imprévisibles et étonnants. Même les journées y paraissent plus longues tellement elles sont pleines, les soirées plus languides et les mains plus joyeux. (…)

Il y a là un lieu où se ressourcer, un point d’ancrage.

Car tout a un sens et d’entendre le sens d’un évènement permet de mieux se positionner, d’être plus entier face aux évènements et plus vivant face aux circonstances. Chacun peut ajouter à cela l’énergie de l’amour, énergie universelle, inconditionnellement reçue par tous. Cette énergie, insouciante des apparences et des modes. Cette énergie est semblable à un fleuve dont les berges sont l’Humanité. Elle est offerte et accueille chacun, quand l’esprit et les corps sont épurés de toute peur, quand les gestes ont chassé leurs stéréotypes, quand le lâcher-prise ouvre grandes les portes de l’abandon et de la confiance.

Jacques Salomé, L’Enfant Bouddha, Albin Michel