L’association Prévenance organisait le 3 octobre, dans les locaux de la prestigieuse école normale supérieure de la rue d’Ulm un colloque sur les sciences contre la violence à l’école. Des approches et points de vue aussi divers que ceux d’une océanographe, d’un astrophysicien, d’une professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et d’un professeur de sciences de l’éducation, concourent à montrer l’importance du travail collaboratif et de l’implication du sujet dans des projets, pour contribuer à la paix.
Prévenance est une association qui a pour but de développer la culture de la paix dans le système éducatif, de contribuer concrètement à apprendre à vivre ensemble, à enseigner la non-discrimination dans le respect des droits de l’homme. L’association fonctionne sous le patronage de la Commission nationale française pour l’UNESCO.
Catherine Jeandel océanographe a présenté deux expériences.
Le train du climat
Une exposition dans 3 wagons, qui montre le rôle de l’homme, le cauchemar auquel on pourrait aboutir mais aussi les solutions possibles, dans une approche pluridisciplinaire. 23 000 visiteurs de 7 à 99 ans dont 3500 scolaires, Douze chercheurs impliqués, mais quarante personnes mobilisées, dix-neuf villes moyennes traversées. Pour ce public qui n’a pas l’habitude d’être au contact de la science il a fallu fournir un travail sur le vocabulaire pour être compris et surtout que l’on ne reparte pas avec l’idée qu’on ne peut rien faire.
Les étoiles brillent pour tous
C’est le titre du travail accompli avec des publics empêchés, maison d’arrêt et centre de détention, auquel on permet d’accéder à la compréhension du système solaire, à voir au-delà des murs qui les enferment. Projet qui intervient aussi dans la classe pour les mineurs illettrés en prison.
Jean Audouze astrophysicien, président de Prévenance
« Envoyer deux astronomes est plus efficace qu’une compagnie de CRS ». Des animations qui se font dans la classe dont le maître reste le pivot. Montrer aux maîtres que la science ça ne fait pas mal, ça intéresse les élèves quand on les implique. On peut aussi passer par l’histoire de la discipline pour les motiver.
Marie-Rose Moro dirige la maison de Solène qui accueille 3000 adolescents par an, parmi lesquels nombreux sont en souffrance à l’école. Elle présente une approche par les langues, la nécessité de combattre des préjugés, tels que « il est plus facile de parler une langue que plusieurs ! ». La reconnaissance de la langue est fondamentale pour créer du lien commun. Deux expériences.
Le conte bilingue
Expérience conduite avec l’accord des enseignants et des parents de CE1 jusqu’en CM2. Chaque enfant apporte un conte dans la langue de la maison. Le travail s’effectue sur 20 semaines. Un enfant et un de ses parents effectue une lecture du conte, en présence d’un traducteur, d’un psychologue formé. La traduction est active car chacun y contribue. Lorsqu‘elle est stabilisée, on enregistre les deux versions. L’enseignant choisit ce sur quoi il va travailler avec la classe. Les effets ont été évalués tant sur l’ambiance de la classe, que sur les résultats des enfants en lecture et écriture.
Des traducteurs en maternelle à la rentrée avec les directeurs pour faciliter l’accueil des parents et des enfants, dans le 93 et dans le Nord de Paris.
C’est une reconnaissance symbolique.
Eric Debarbieux a beaucoup travaillé sur la violence à l’école. Il a appris très tôt de son passé d’ instit spécialisé en IMP, qu’il fallait décaler le regard. Au cours de ces dernières années il a pu interroger 200 000 élèves.
Beaucoup de politiques croient que c’est avec la vidéo surveillance qu’on va supprimer la violence, mais rares sont les intrusions extérieures. Ce dont pâtissent les établissements scolaires c’est de la micro violence au quotidien, qui relève davantage du pédagogique que du sécuritaire ce qu’il déduit des nombreuses études qu’il a conduites. Et donc pour lui les sciences ont à dire au politique.
Il rappelle que ce n’est pas la science qui gouverne le monde et que Prévenance n’a rien à vendre. Il clôt son intervention, comme toujours sur une phrase de Januz Korzack qui sera ma conclusion ;
« N’oubliez pas comment bat le cœur d’un enfant qui a peur »
On pourra retrouver sur le site de Prévenance des documents liés à ce colloque : www.prevenance-asso.fr