Joe Finder s’est éteint le 20 mai, à l’âge de 92 ans.
Professeur de collège, il rencontre un jour le juge Jean Chazal, créateur des Foyers de semi-liberté pour les adolescents difficiles, ces gosses paumés dont on ne savait que faire à la sortie de la guerre. Jean Chazal convainc Joe d’abandonner l’enseignement ordinaire pour participer à la création du foyer de Vitry, cet établissement pilote déjà contesté par les responsables sociaux inquiets de l’époque.
Les CFDJ (Centre Familial des Jeunes) de Vitry sur Seine et du Plessis-Trévise n’auraient pas existé sans Joe Finder.
Son compagnon de route, son grand ami, sera Stanislaw Tomkiewicz, avec qui il a construit cette expérience éducative singulière, mais il en demeure l’artisan essentiel, comme en témoignent, aujourd’hui encore, nombre d’ “anciens” qui y ont séjourné. Ils ont su tout réinventer face à des adolescents en grandes difficultés.
Joe disait :
« .. il paraît important de ne pas négliger l’un des célèbres ouvrages de Bettelheim : Love is not enough. (Il ne suffit pas d’aimer). Là encore, j’ajoute un complément findérien : il ne suffit pas d’aimer, certes, mais il faut aimer d’abord.
Trop d’éducateurs de nos jours semblent dépourvus d’attirance affective pour les adolescents contestataires. Ils en redoutent par trop leurs passages à l’acte. Comment parvenir à être efficace sur le plan éducatif avec des jeunes sujets qu’on n’aime pas et dont le comportement déroutant fait peur ?
L’inefficacité des équipes éducatives actuelles, de plus en plus, font replonger nos responsables politiques et sociaux dans une répression d’un autre âge.
Toute tentative d’éducation basée sur la répression est un leurre. »
Il avait l’humour chevillé au corps ; son humanité nous manque déjà.
Dessin fait au CFDJ de Vitry