Une pré-adolescente disait à propos de ses relations avec sa mère : « Quand on a mal quelque part, maman dit qu’on ne peut pas avoir plus mal qu’elle. Vous pouvez souffrir autant que vous voulez, jamais vous ne souffrirez autant qu’elle ».
Une déclaration de surdité
C’est une manière de nier l’expression de la souffrance des enfants, une manière aussi de les menacer implicitement : ce n’est pas la peine de dire, de se plaindre, car moi, je ne suis occupée que de ma souffrance historique, et je vais avoir besoin de toute ma vie pour la gérer. Je vous le dis une fois pour toute : vous ne pourrez JAMAIS avoir aussi mal que moi.
Une négation de la souffrance de l’enfant
Une autre mère disait, à propos de sa petite fille, agressée chez son père par un adolescent de 16 ans : « De toutes façons, je n’y crois pas. On pourrait me dire que c’est n’importe qui, je ne le croirais pas ». On ne peut pas mieux faire comme déclaration de surdité. Certaines personnes, après des jugements en correctionnelle ou aux assises, continuent à ne pas croire ; pour elles, c’est de l’ordre de la croyance. Or les violences faites aux enfants sont de l’ordre des faits.
Il y a des paroles qui disent, des symptômes qui montrent, des aveux qui se font. Or, malgré l’évidence et la preuve, certains restent dans la croyance. Cela signifie que, lorsqu’il n’y a pas de preuves matérielles et que, systématiquement, on dit : « Je n’y crois pas », on utilise l’ordre de la croyance pour ne pas analyser en profondeur une situation qui, de toutes façons, gagnerait à être analysée.
Extraits d’une conférence donnée par Bernard Lempert lorsqu’il faisait partie de l’équipe de soutien psychologique d’enfance majuscule. Entendre la parole de l’enfant était, pour lui, l’une des batailles essentielles à mener pour être véritablement un acteur de la protection de l’enfance.