Organisée par la Dynamique pour les Droits des Enfants, une table ronde en présence d’experts dresse le bilan complet des 35 années d’existence de la CIDE

Composée de 27 organisations non gouvernementales (ONG), associations et collectifs engagés dans tous les domaines de l’enfance en France et à l’international, la Dynamique pour les Droits des Enfants organisait, le vendredi 15 novembre au Sénat, une table ronde à l’occasion des 35 ans de la Convention Internationale des droits de l’Enfant. Sous le marrainage de Mme la Sénatrice Laurence Rossignol et en présence d’Eric Delemar, Défenseur des Enfants et adjoint à la Défenseure des droits, cet événement avait pour principal objectif de faire un bilan sur la mise en œuvre de la Convention en France, et dans sa politique internationale : « 35 ans après l’adoption de la CIDE, quelle mise en œuvre en France et dans sa politique​ internationale ? ».

Depuis 5 ans, la Dynamique remet chaque année, autour du 20 novembre, un observatoire de ses travaux comprenant actes et recommandations, pour une meilleure effectivité des droits des enfants et afin d’inciter à remettre le sujet de l’enfance au cœur de l’agenda politique. L’observatoire s’est vu être remis entre les mains d‘Agnès Canayer, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités en charge de la Famille et de la Petite Enfance, qui a affirmé son engagement pour faire de ce livret un outil d’action pour la protection de l’enfance.

Enfance Majuscule s’est émue du peu de progrès fait, dans l’application de ces droits depuis tant d’années. Malgré de belles initiatives comme celle présentée en cette matinée, nous ne pouvons que déplorer les nombreuses avancées stoppées, interrompues notamment par l’incessante instabilité politique. Mais une autre explication pourrait peut-être se trouver dans l’ancrage marqué du patriarcat dans nos sociétés, ayant beaucoup de mal à se défaire des coutumes ancestrales… Comme n’a manqué de le rappeler le Défenseur des Enfants, « il y a une distorsion entre les différents plans de lutte menés et la réalité, et une exploitation exponentielle des enfants sous toutes ses formes ». Espérons que le prochain gouvernement en tiendra compte…

 

Édito de l’observatoire 2024

Cette année 2024 marque le 35ème anniversaire de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE) et le centenaire de la Déclaration de Genève. Cependant, ces commémorations sont assombries par le recul inquiétant des droits de l’enfant en France et dans le monde. L’euphorie collective des récents Jeux olympiques et paralympiques, où le vivre-ensemble et l’inclusion semblaient naturels, contraste fortement avec la réalité à laquelle sont confrontés de nombreux enfants.

En France, par exemple, la veille de la rentrée scolaire, 2 000 enfants restaient sans solution d’hébergement à la suite de leur demande au 1151 et beaucoup n’ont pas pu faire leur rentrée à l’école malgré l’obligation de respecter ce droit fondamental. Les enfants subissent de plein fouet les effets de la précarité croissante. L’année 2024 a aussi vu apparaitre plusieurs discours politiques et mesures autoritaires visant les jeunes, qui prennent le pas sur des logiques d’accompagnement et d’éducation. Plus qu’un « réarmement civique de la jeunesse » visant à rétablir l’autorité, il apparaît plutôt nécessaire, dans un contexte de crise démocratique et de crise des droits de l’enfant, de mettre en place un véritable dialogue entre les jeunes générations et les décideurs politiques et de reconnaitre les enfants et les adolescents comme partie intégrante de notre société.

Alors que la continuité de l’action publique relative à l’enfance avait déjà été compromise par les remaniements successifs, la crise politique, à la suite des élections européennes, marquée par la dissolution de l’Assemblée nationale puis la démission du gouvernement, a fortement impacté les mesures en cours en faveur de l’enfance. La question de l’enfance touche des politiques multiples et variées relatives notamment à l’éducation, à la justice, à la protection, au handicap, etc. Pourtant, elle ne semble pas au cœur de l’agenda politique comme en témoigne son absence dans l’intitulé d’un Ministère de plein exercice ou encore l’absence de la mention de l’enfance comme une politique publique à part entière dans la déclaration de politique générale du Premier Ministre devant l’Assemblée nationale le mardi 01 octobre 2024. Aussi, l’ensemble des organisations et collectifs membres de la Dynamique pour les Droits des Enfants estime urgent de renforcer la gouvernance des politiques de l’enfance en adoptant notamment une approche globale et transversale basée sur les principes directeurs de la CIDE.

La situation internationale nous interpelle également : à travers le monde, les enfants sont de plus en plus victimes de multiples crises (conflits armés, changements climatiques, crises économiques et sociales, etc.). En 2023, 460 millions d’enfants vivaient dans des zones de conflit2. Leurs droits fondamentaux sont bafoués au nom de luttes territoriales, politiques, religieuses, économiques et sociales. Les violations graves des droits des enfants (hausse du nombre d’enfants soldats, explosion des mariages et grossesses précoces, augmentation des décès liés à des états de malnutrition sévères, etc.) ne cessent de s’accroître. Que dire des enfants migrants, oubliés, maltraités, livrés à eux-mêmes au terme de voyages tragiques, des enfants vivant en camps de réfugiés dans des conditions indignes…

Face à cette situation inacceptable, la trentaine d’associations et organisations rassemblées au sein de la Dynamique pour les Droits des Enfants revendique l’application stricte de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. L’Observatoire 2024 de la Dynamique interpelle les décideurs publics en soulignant les avancées, les stagnations et les reculs en matière de gouvernance des politiques publiques de l’enfance et de mise en œuvre du droit des enfants à être entendus et à participer aux décisions qui les concernent, tout en proposant des recommandations concrètes.

Parlementaires, membres du gouvernement, élus locaux : vous avez le pouvoir et la responsabilité de faire des droits de l’enfant le pilier des politiques de l’enfance en France et dans le cadre de sa coopération internationale. Cet Observatoire vous fournit les outils nécessaires pour agir de manière éclairée et efficace. Ensemble, nous pouvons et devons construire un avenir où chaque enfant, en France et dans le monde, pourra s’épanouir en toute sérénité et réaliser son plein potentiel.

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