Études et avis se croisent pour faire un seul et même constat : les punitions corporelles sont inefficaces et nocives. Si la plupart des parents pensent bien faire ou atténuent l’impact de ces gestes, force est de constater que cette éducation par l’atteinte au corps, génère chez les enfants des comportements agressifs et violents.
Les punitions corporelles sont de plus en plus contestées aux plus hauts niveaux et ce depuis de nombreuses années déjà. Des publications internationales affirment la nocivité de ces sanctions et dénoncent leur répercussion sur l’agressivité des enfants concernés.
Les publications américaines sur l’inefficacité des sanctions corporelles
13 Professeurs de Pédiatrie américains ayant travaillé sur les effets des punitions corporelles et réunis en Congrès en 1996 étaient tous d’accord pour affirmer que plus durement, plus fréquemment et plus longtemps ces punitions sont utilisées et plus l’enfant développera des conduites agressives et anti-sociales comme adolescent ou adulte.
La prestigieuse revue des médecins pédiatres américains « Pédiatrics » faisait en 1998 le point sur l’ensemble des travaux publiés sur l’utilisation des punitions corporelles à l’école. Presque la moitié des États ne les avait pas encore interdites. Elle confirmait que les fessées sont inefficaces à l’école, et que leur suppression n’augmente pas les mauvaises conduites.
L’Académie américaine de Pédiatrie prenait position également en 1998 pour affirmer que les punitions corporelles étaient d’efficacité limitée et potentiellement délétères. Elle recommandait d’aider les parents à développer des méthodes éducatives autres que la fessée.
Parallèlement, les Drs Bauman et Friedman, après avoir fait une revue générale de la littérature scientifique, disaient que les médecins devaient envisager avec les parents les façons de punir leurs enfants et conseillaient d’abandonner la fessée « dangereuse, inefficace et abusive ».
Les autres publications sur la nocivité des punitions physiques
Et Robert Lazarlere, analysant 166 articles médicaux publiés sur les punitions corporelles, conclut que les analyses prospectives ou rétrospectives (donc rigoureuses) ne montrent aucun résultat positif de leur utilisation. Seules des études cliniques peu fiables montrent des résultats positifs, et seulement à court terme.
La Société canadienne de Pédiatrie, qui représente 2.000 pédiatres canadiens, déconseille le recours aux punitions corporelles et insiste sur le fait que « les châtiments corporels aux nourrissons et aux adolescents sont tout particulièrement néfastes ».
L’Eglise anglicane d’Australie met en garde contre la validité du proverbe « spare the rod and spoil the child », compte tenu des effets négatifs des punitions corporelles sur la violence et la délinquance des jeunes.
Les répercussions de cette nocivité sur les comportements
Les punitions corporelles sont nocives. Ashley Montagu, ethnologue, notait déjà il y a 50 ans que les sociétés relativement non-violentes avaient en commun l’éducation non-violente de leurs enfants, sans châtiments corporels.
Un grand nombre d’études différentes, utilisant des méthodes différentes, mettent en évidence des relations entre les comportements anti-sociaux des jeunes et les punitions corporelles infligées par leurs parents. Plus celles-ci sont utilisées et plus le risque de délinquance des enfants augmente. Le pourcentage de crimes commis est doublé chez les fils ayant reçu de fortes punitions corporelles de leur père.
Depuis, les travaux de recherche se sont multipliés sur ce sujet, surtout dans les dernières années et dans des pays de plus en plus divers. Ils font apparaître des relations insoupçonnées auparavant entre l’utilisation des punitions corporelles et l’exacerbation de la plupart des comportements antisociaux : délinquance, accidents, agressivité, mensonges, vols, dépressions, tentatives de suicide, abus d’alcool, actes d’agression sexuelle envers les enfants, violence conjugale, homicides…