Le 4 juin 2014, le Comité National de l’Enfance a organisé une conférence sur les troubles du comportement chez l’enfant et l’adolescent. Les signes d’orientation et la conduite à tenir étaient les thèmes centraux de la réflexion, le geste et le non dit exprimant des choses qui traduisent parfois plus le ressenti que des paroles.
Le docteur Pascaline Guerin de l’unité de psychopathologie de l’enfant et de l’ adolescent de l’hôpital Trousseau, a relevé l’importance de comprendre que si les troubles du comportement dérangent c’est qu’ils sont externalisés :
le TDAH( trouble déficit de l’attention/hyperactivité), l’opposition, les troubles de la conduite sont les principaux.
Quelques questions permettent de repérer l’intensité des troubles :
– Depuis quand cela dure-t-il ?
– Quand et comment cela se manifeste-t’il ?
– Où cela arrive-t’il et avec qui ?
Les réponses donnent des pistes d’orientation très importantes, surtout si cela est mis en parallèle avec les différents troubles de l’apprentissage au cours de la scolarité qui vont perturber l’enfant et l’environnement social.
Un événement de vie ou un trouble psychiatrique peut être à l’origine d’un trouble du comportement qui peut conduire lui-même à un comportement à risque ou un passage à l’acte.
D’où l’importance d’évaluer le degré d’urgence lorsque l’on rencontre un enfant ayant un trouble du comportement, le risque majeur étant la tentative de suicide ou le délire.
Il faut aussi mesurer l’intensité du retentissement du problème de l’enfant sur la vie familiale.
Le trouble autistique est fréquemment présent (1 sur 110), loin de la caricature qu’on en fait habituellement. Les signes d’alerte précoces sont très tôt ; l’absence de babillage, de mots isolés, d’association de mots, la perte du langage. L’attention de l’enfant et sa capacité d’interaction et d´imitation sont très importantes et il faut s’inquiéter si un enfant de 2 ans ne les possède pas.
Le TDAH est aussi assez fréquent ( 5 à 10 %) , surtout chez les garçons. Troubles oppositionnels et troubles des conduites, colères d’une manière exacerbée qui peut faire passage vers des comportements prédélinquants ( vols, mensonges, fugues, cruautés envers les animaux et les autres).
Devant tout trouble du comportement, il ne faut pas oublier le trouble dépressif majeur à l’adolescence (2 fois plus de filles que de garçons) qui, s’ils ne sont pas diagnostiqués peuvent évoluer vers quelque chose de grave.
Le repérage précoce de troubles anxieux, de troubles paniques ou de phobies ainsi que les comportements perturbateurs sont à prendre en compte pour évoquer une symptomatologie dépressive de l’enfant.
Il faut toujours prendre le temps d’une bonne évaluation avant d’écarter un vrai diagnostique médical et psychiatrique.
Madame Mélanie Dupont psychologue de l’unité médico judiciaire de l’hôtel Dieu, rappelle ce que le psychologue peut apporter au jeune qui a des troubles du comportement.
L’examen psychométrique ainsi que des tests projectifs, sont souvent utilisés pour effectuer un bilan. Le suivi psychologique est très souvent nécessaire, divers courants permettant des approches différentes .
Le docteur Messerschmitt, pédopsychiatre de l’unité médico judiciaire de l’hôtel Dieu, rappelle que c’est la vision généraliste des choses qui permet de bien évaluer les situations. Le travail en réseau est indispensable.
D’une manière générale, il faut se rappeler que plus les comportements sont envahissants, plus ils sont graves et plus il est urgent et important d’intervenir.