La 2è journée d’étude organisée par l’ONED (Observatoire national de l’Enfance en danger), s’est tenue le 13 juin 2014 à l’ASIEM (Paris 7è).
Les objectifs de cette journée : valorisation des recherches conduites et articulation entre la recherche et les pratiques ont fait alterner au cours de la journée, compte rendus de recherches et de rapports avec des expériences pratiques ; interventions heureusement ponctuées de très courts films et même de saynètes pour illustrer les propos.
La participation est un enjeu crucial de démocratie en protection de l’enfance, parce qu’elle n’est pas évidente, alors qu’il s’agit d’obtenir l’adhésion des familles.
• La recherche présentée par deux CREAI (.Nord Pas de calais et Ile de France) répondait à un appel d’offres de 2011.
Une phrase résume bien la posture dans laquelle parents et intervenants se trouvent liés.
« Je veux que tu veuilles que je t’aide ».
Pour se sortir de cette impasse, il faudrait poser que la situation de vulnérabilité soit objet du travail de l’action sanitaire et sociale. Que les parents soient à la fois sujets et acteurs. Mais actuellement la loi ne donne pas l’espace pour ce travail.
• Le SERAD ( Service Educatif Renforcé à Domicile) de la maison d’enfants du château de Lorry-lès –Metz.
Cette expérimentation a été conduite en 2009 : maintenir un enfant en danger en milieu naturel, tout en restant sous protection de l’enfant. Projet rendu possible avec cahier des charges du Conseil Général lorsque des ressources étaient mobilisables, qu’il y avait acceptation par les familles des interventions.
Les familles à climat incesteux, à violences répétées, non nommées à parents psychiatriques, non traités étaient exclues du projet.
L’ASE est l’autorité qui nomme, le SERAD, instance d’accompagnement, valorise ce qui va bien, co construit avec les familles pour trouver des solutions et protège en travaillant les éléments de danger.
Des outils intéressants : ateliers parentaux, supports de médiation sur la communication non violente, la gestion des émotions et le développement de l’estime de soi, des mises en situation et jeux de rôles, des conférences débats avec l’école des parents de Metz et des places d’hébergement d’urgence.
Les éducateurs sont tous formés à l’aide contrainte : travaux de Guy AUSLOOS et Guy Hardy. Et il y a une supervision en équipe.
Une éthique d’intervention : créer la relation, dire ce qui va bien, activer les processus de changement et de responsabilisation, prendre appui sur les savoir- faire des familles, passer d’une logique d’expertise à une logique partagée.
A retenir :
Cocteau : « Passer d’un regard qui dévisage à un regard qui envisage »
Gandhi : » Tout ce que tu fais pour moi, sans moi tu le fais contre moi. »
• Les intervenants du SNATED : 119-Allô Enfance en danger ont présenté leur travail d’écoutants qui nécessite : mise en confiance, adaptation du langage, décentrage, reformulation et décodage, réassurance.
Comment contractualiser la parole des familles et des enfants au travers de 2 études conduites par l’ONED
• L’accord avec les familles, dans une étude pour le Parlement qui a privilégié l’administratif sur le judiciaire : Comment les professionnels élaborent-ils l’accord avec les familles ?
A partir d’une enquête qualitative sur 10 dispositifs, d’entretiens avec les familles, avec 7 experts et en étudiant les archives. Ont été étudiés : la dimension contractuelle (analyse juridique), les concepts (demande, accord, adhésion) qu’il fallait clarifier et la place du contrat.
L’éclairage des québécois est intéressant. Ne pas nier la contrainte dans la protection et négocier les désaccords.
• Rapport sur les UAMJ (Unité d’accueil médico-judiciaire). Il s’agit d’une étude pluridisciplinaire conduite avec l’appui de la Voix de l ‘enfant : Comment considérer la parole de l’enfant ?
L’idée essentielle étant « de ne pas réduire l’enfant au traumatisme subi »
L’étude s’est faite par questionnaire aux 44 UAMJ (taux de 66% de réponse) portant sur l’activité, le fonctionnement et les pratiques, la visite de 22 UAMJ et un recueil bibliographique.
Il a été constaté une grande hétérogénéité sur les lieux d’implantation, les publics pris en charge, les ressources humaines. Mais aussi une hétérogénéité des missions.
On est passé de faire avouer à entendre.
Pour l’ONED il faut à la fois servir la vérité judicaire et la protection de l’enfant.
Des recommandations ont été élaborées qui portent notamment sur la formation professionnelle, le développement de la recherche et la connaissance du public.
On peut trouver l’intégralité des rapports sur le site de l’ONED : www.oned.gouv.fr
Présentation de dispositifs innovants
• Les ateliers citoyens Hauts parleurs du Conseil Général du Finistère.
A l’occasion du 4è schéma Enfance Famille a émergé l’idée d’un espace de parole collectif et coopératif entre acteurs et usagers parties prenantes de la protection de l’enfance.
La démarche a pris appui sur la Compagnie Alter Ego. C’est une démarche de démocratie participative. Chaque atelier fonctionne à l’aide de jeux de convivialité, de techniques d’échange coopératif (débats, théâtre forum…). Toutes les paroles qu’elles soient pertinentes ou impertinentes sont entendues. Les revendications personnelles s’effacent au profit d’un intérêt collectif mieux partagé.
• L’Université populaire des parents de l’association AcCOLADE (Rhône)
Deux démarches : de la formation pour le changement de posture professionnelle avec recherche –action et un espace de parole pour les parents.
Journée très riche qui a essayé de démontrer que la co-éducation avec les parents en protection de l’enfance était possible sous conditions bien sûr.