La Coordination pour une Éducation à la Non-violence et à la Paix organisait son 16è forum « Éduquer à la non –violence » sur le thème du conflit, d’abord interpersonnel, avec une conférence d’Annie Déan, puis intra-personnel l’après-midi avec une conférence d’Edith Tartar Goddet. Chaque conférence étant suivie d’ateliers pratiques animés par des membres d’associations membres telle que l’Office de la coopération à l’école (OCCE).
Comme chaque année le Forum fait suite aux journées d’été et à la quinzaine qui portent sur le même thème ; pour la quinzaine de la paix un livret pédagogique est donné aux enseignants participants. Le thème est illustré dans la Lettre. Tous ces documents sont téléchargeables sur le site : http://education-nvp.org
Le conflit interpersonnel : Annie Préan
Vivre avec les autres, nous affecte que ce soit en positif ou en négatif et une vie sans conflit, n’existe pas. Le conflit dépend à la fois du type de relation que l’on entretient avec l’autre et de la forme dans laquelle on se sent. Pour le résoudre entre en compte aussi l’objectif que l’on vise.
Quatre postures sont possibles
- La force
Réclamer justice est normal mais à quel prix ? Faut-il humilier et dominer autrui ?
- La fuite, l’évitement, le retrait
Ce peut être judicieux lorsqu’on se sent en danger. On se donne le temps d’y voir plus clair. On peut aussi refuser de coopérer avec l’injustice. Mais quand il y a refoulement, déni de soi, cela peut conduite au mensonge, à la trahison, à la perte de la relation.
- L’accommodation
Manifeste la prise en compte des réalités, mais jusqu’où ? La soumission guette !
- La négociation
C’est le compromis, mais il faut faire attention, car la frontière est mince avec la compromission. Il faut donc savoir ce qui est non négociable, s’assurer la présence d’une instance pour réguler.
Nous ne sommes pas tous affectés par les mêmes choses et nous avons mis en place, dès l’enfance, des mécanismes de défense pour éviter de souffrir. Les émotions surgissent sans crier gare et prennent le pouvoir lorsque nous n’avons pas conscientisé. C’est dans l’ici et maintenant du conflit que nous pouvons nous guérir.
Nous devons nous occuper de ce qui nous fait mal, accepter nos émotions sans les juger, sans les refouler ni les banaliser. Il faut les accueillir et les mettre en mots.
La violence est un mécanisme de défense. L’autre n’est jamais la cause de notre colère. Bien souvent nous avons peur de nous montrer vulnérables.
Si nos besoins vitaux sont comblés nous sommes heureux, si non, nous sommes frustrés.
Emotions et besoins sont au cœur des relations
Le conflit intra personnel : Edith Tartar Goddet
L’être humain est un être de relation, avec l’autre mais aussi avec lui-même. Pour une bonne qualité de relation avec autrui il est important d’être lucide sur soi-même. Identifier et accueillir ce qui se passe en soi permet de ne pas subir.
Le conflit intérieur est une sorte de « disputatio » interne. En nous deux forces se disputent, faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire. Ce n’est pas toujours conscient, on sent parfois sans pouvoir exprimer. Nous devons choisir entre désirs et obligations, ce qui est difficile quand ils sont de valeur égale.
On peut travailler à l’école sur les dilemmes moraux. Les conflits de loyauté sont insolubles mais gérables.
Ausculter nos conflits intrapsychiques c’est percevoir comment en moi s’agitent les contraires, les conscientiser, les rendre lisibles !
Mais aussi rationaliser, développer un argumentaire, prendre conscience des enjeux donc des conséquences.
Quand on fait selon son désir, on risque la culpabilité, si non, on ressent de la frustration, mais elle fait partie de la vie et on peut trouver des façons de la gérer.
La culpabilité ne se gère pas, elle se refoule et peut resurgir.
Chaque humain est divisé entre ce qu’il sait et ce qu’il est. La violence nous la portons en nous. Le travail psychique donne de l’aisance pour percevoir, accepter et gérer les conflits interindividuels. Vivre en pleine conscience permet de changer de regard sur les conflits interpersonnels.
Journée riche qui permet à chaque participant de s’interroger sur soi, d’élaborer théoriquement et de repartir avec des outils pratiques ; riche aussi d’échanges et de rencontres.