Pour cette maman il est évident que c’est le rôle des parents de parler de sexualité avec leurs enfants, en s’appuyant sur des albums. Ses trois mots sont prévenir, aimer, protéger et elle suggère d’être très attentif au langage
Déborah a 37 ans, elle est maman de trois enfants. Deux filles de 9 et 10 ans et un garçon de 1 an.
Il lui semble évident que c’est le rôle des parents de parler de sexualité avec leurs enfants:« Plutôt moi qu’un étranger, et après moi la maitresse et plus tard le médecin ».
A quel moment ?
Il est souhaitable d’attendre que l’enfant pose des questions, mais il faut aussi le mettre en situation de poser des questions, c’est-à-dire lui lire des albums qui suscitent le questionnement.
C’est le rôle des deux parents, celui qui se sent le plus à l’aise sur ces questions. : « Chez nous c’est le papa, c’est lui qui lit les albums, il en parle plus librement et plus crument que moi, mais je réponds aussi aux questions. Avec leur père, c’est un peu plus léger et rigolade, avec moi, plus intime et plus sérieux. »
En ce qui la concerne, le support est indispensable et on peut commencer à en parler dès l’école maternelle, vers 3 ans, quand les enfants ont conscience qu’une maman peut attendre un bébé, et les premières questions portent souvent sur le comment on fait les bébés.
Les supports
Deux albums aident à donner des réponses : Le parcours de Polo parcours d’un spermatozoïde) et Graine d’amour (parcours d’un ovule).
Ensuite, à partir de 6 ans, les Max et Lili : Max ne pense qu’au zizi et Lili ne veut plus se montrer toute nue. A la fin de ces deux albums il y a des questions qui aident les parents à dialoguer avec leurs enfants. Et puis Titeuf, Dieu le sexe et les bretelles qui évoquent les idées préconçues à l’adolescence.
Chez elle Titeuf est dans les toilettes, elle trouve que c’est le lieu où les enfants lisent le plus librement sans être dérangées ; quand elle souhaite introduire un nouvel album et susciter des questions, elle le laisse dans les toilettes.
Et puis le Guide du zizi sexuel qui aide les parents à répondre avec légèreté et un vocabulaire adapté. Elle insiste sur l’importance du livre de Babette Cole, Poils partout qui explique de façon amusante les hormones et leur rôle. « C’est le livre indispensable, qui nous a le plus servi pour parler des changements qui allaient s’opérer dans leur corps (et leur tête) grâce à Monsieur et Madame hormone ». Ses filles jouent beaucoup avec le thème, lorsque l’une d’elle est de mauvaise humeur, l’autre lui dit : « Ah, tu n’as pas eu ta dose d’hormones aujourd’hui ! »
Le rôle de l’école
Pour elle, il est d’informer les enfants qui ne le sont pas chez eux mais aussi de compléter l’information donnée par les familles et d’en valider le caractère scientifique. « L’enfant croit davantage à la parole de la maîtresse comme vérité, le problème c’est que les enseignants n’en parlent pas, sauf de la reproduction des animaux ».
On doit en parler à chaque niveau de l’école, dès la maternelle, d’abord comment viennent les bébés, et on revient chaque année en fonction de l’évolution des enfants et des questions qu’ils posent. Et c’est le rôle de la maitresse, il n’y a pas besoin d’un autre professionnel, c’est un sujet dont les enfants ont du mal à parler, ils ont besoin d’être en confiance.
Bien sûr l’enfant peut parler de sexualité avec d’autres personnes, tout dépend des relations qu’il entretient avec elles ; les grands parents s’ils sont proches, plus tard le médecin s’il est proche.
Lorsque l’enfant est au collège, les choses changent un peu, les questions se font plus précises sur la contraception, l’utilisation des préservatifs, on peut alors avoir recours à une personne extérieure mais ce ne sera pas intégré de la même façon.
Souci de prévention
Pour cette maman il n’y a pas de question à laquelle elle ne pourrait pas répondre, la plus difficile pour elle a été une question personnelle, sa fille voulait savoir si elle faisait « du sexe » avec leur père et quand, mais elle y a répondu.
En revanche sur la question des règles, elle aurait besoin qu’on l’aide à se préparer pour expliquer à ses filles, car elle, n’a pas été préparée. Quand ça s’est produit, elle était en vacances chez ses cousines plus jeunes qu’elles, mais aussi plus au fait, heureusement.
Lorsqu’on lui demande à quel moment ça se situe dans les programmes, elle pense que c’est au CM2, elle suggère que ça prend 9 heures tout en sachant qu’il ne faut pas rêver.
Elle conclut en disant qu’aujourd’hui avec ses filles elle insiste sur la prévention : aimer et se protéger, mais pas trop tôt tout de même.