Trois jours avant l’arrivée d’un hiver qui promet d’être froid, le harcèlement à l’encontre des migrants s’intensifie. Parmi eux, plusieurs milliers d’enfants, isolés de leurs proches pour la majorité, sont les premières victimes de ces pressions.
Alors que le terme de « migrant » est devenu trop souvent synonyme de « sans-abri » dans nos pays riches, trop d’enfants, parce qu’ils ont eu la malchance d’avoir dû fuir leurs pays, n’ont d’autre choix que celui de vivre dans la rue. Ils sont privés de l’accès à tout dispositif de mise à l’abri, ne serait-ce que temporaire, si l’on excepte des initiatives bénévoles ; et ceci, à l’encontre même des droits les plus fondamentaux de l’enfant. Parce que dans nos pays riches et développés, en 2017, la protection de l’enfance est à deux vitesses.
Les enfants migrants, victimes de l’absence d’une politique d’accueil efficace
A Calais, où les associations estiment qu’environ 200 mineurs survivent sous des tentes, la préfecture du Pas-de-Calais refuse encore l’activation du plan « Grand Froid ». Partout en France, les associations dénoncent le vol et la destruction des affaires vitales pour les migrants (tentes, duvets, nourriture…). À Lyon, en pleine trêve hivernale, des squats hébergeant des mineurs non accompagnés sont évacués…
Derrière ces actions qui pourraient avoir des conséquences très graves, il y a la volonté officielle de « lutter contre les points de fixation » : le gouvernement ordonne l’intensification des harcèlements pour éviter la création de nouveaux camps.
Nous n’ignorons désormais plus l’esclavage et l’exploitation pratiqués à l’encontre des migrants, enfants comme adultes, dans certains pays. Les pays européens, dans le but d’externaliser les demandes d’asile, contribuent à aggraver ce phénomène de rétention des migrants dans ces pays. En payant depuis le début de l’été les « garde-côtes » libyens, l’Union Européenne finance directement les responsables des réseaux de passeurs exploitant les migrants.
Délits de solidarité
Les bénévoles eux-mêmes sont dans la ligne de mire d’une politique anti-immigration. On se souvient des condamnations contre Cédric Herrou, responsable d’avoir sauvé, guidé et hébergé des femmes et des enfants migrants dans la vallée de la Roya. Ou de Pierre-Alain Mannoni : deux mois de prison avec sursis pour avoir aidé trois jeunes Érythréennes. Plus récemment, Martine Landry, militante à Amnesty International, risque jusqu’à 5 ans de prison pour avoir apporté son aide à deux adolescents guinéens.
À Calais, on ne compte plus le harcèlement et les humiliations contre les associations d’aide aux migrants et leurs bénévoles. Enfance Majuscule, lors de sa mission dans la « Jungle » de Calais, faisait face quotidiennement aux amendes et aux interdictions multiples et injustifiées (par exemple l’interdiction de faire fonctionner le groupe électrogène du restaurant associatif des enfants ou la confiscation de la nourriture distribuée aux enfants…).