A l’occasion de la Journée Internationale contre les abus et le trafic de drogue, qui a lieu le 26 juin, la MILD&CA ( Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), a choisi de valoriser le travail conduit par les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC).
Ces consultations trouvent leur place dans le Plan Gouvernemental 2013-2017, avec les objectifs de prévention et de réduction des consommations.
Le docteur Olivier Phan, notamment directeur du Centre Pierre Nicolle, est venu présenter le manuel PAACT (Processus d’Accompagnement et d’Alliance Thérapeutique), issu des pratiques thérapeutiques conduites dans les CJC , trop peu connues des professionnels et du grand public.
Ce manuel est la formalisation des thérapies individuelles en vue d’en développer l’ efficacité.
Il s’agit de thérapies intégratives avec soutien à la parentalité. Elles ont une durée de 5 mois, avec rendez-vous hebdomadaire avec le jeune. Les parents sont vue deux ou trois fois seuls, et avec le jeune au moment du bilan.
Cette prise en charge comporte trois phases :
1. Construire l’alliance : ce qui est loin d’être évident ; les deux craintes de l’adolescent sont la dépendance et la défaillance, or lorsqu’il arrive en consultation, il se sent à la fois dépendant et défaillant. On doit construire un cadre sécure.
• Apaiser et donc acter les divergences de point de vue entre l’ado et le parent, sans invalider ni l’un ni l’autre. Partir des ressentis.
• Reformuler : trouver une nouvelle cible thérapeutique, ne pas donner comme objectif l’arrêt du cannabis, mais avant tout le mieux- être.
• Accueillir : si on « matraque » sur les effets néfastes du produit on perd l’alliance. On s’appuie donc sur l’envie, le plaisir avant d’évoquer les difficultés rencontrées.
• Envisager les changements ; on choisit avec le jeune un objectif thérapeutique ce qui permet d’éviter le sentiment de dépendance et on établit un contrat de soin.
2. Accompagner le changement : on aide à l’auto évaluation
• Mise en place d’un carnet de consommations
• Travail sur l’importance des bénéfices : le plaisir, la crainte de perdre les moyens de gérer l’angoisse, la dépression ; la souffrance anxio dépressive de type obsessionnel. Souvent les jeunes veulent garder la consommation plaisir, et juste se débarrasser du « trop ».
• Dynamisation des processus : lutter contre la position basse, mettre en évidence les compétences psychosociales ; mettre en place un traitement. On commence par les changements les plus faciles (et selon la théorie des dominos, l’un va entrainer l’autre).
• Soutien à la parentalité : il faut aussi faire alliance avec les parents, accuser réception de leurs craintes, mais faire ressortir les éléments positifs, lever leur culpabilité : ce qui a été inculqué reste quelque part, le jeune cherche à détruire » mais il vous aime aussi ».
Une question se pose sur le secret professionnel, comment le gérer avec les parents. Il faut être clair et dire qu’on le rompt en cas de danger imminent (suicide) ou grave (prostitution). Il n’y a pas de texte de loi, juste de bonnes pratiques
3. Bilan et ouverture
Il s’effectue sur la question de la consommation, mais on peut aussi évoquer les problèmes liés à l’adolescence. Dans certaines situations des thérapies familiales sont conseillées.
Les Consultations portent sur le la consommation de cannabis, mais aussi sur celles d’alcool, de tabac, voire sur l’abus de jeux vidéos ; dans ce cas les intervenants sont des personnes qui connaissent et pratiquent les jeux vidéos.