Les conditions de la garde alternée en cas de conflits ?

La loi du 4 mars 2002 ayant réformé l’autorité parentale a prévu la possibilité de résidence alternée, même en cas de désaccord des parents. Lorsque les parents n’ont pas pu ou pas voulu trouver d’accord, le magistrat a plusieurs possibilités à sa disposition pour trouver un minimum d’accord.

Le rôle du juge et l’enfant en tranches

Le magistrat peut proposer et même imposer une médiation familiale, nommer un enquêteur social. Ensuite, il recevra à nouveau les parents pour essayer de dégager avec eux un consensus. Le JAF qui est le premier juge de la protection de l’enfant car il doit prendre les décisions bénéfiques pour celui-ci, devrait donc avoir une formation psychologique, notamment connaître la théorie de l’attachement et les apports essentiels de la psychanalyse de l’enfant qui ont établi de manière incontournable la prise en compte des besoins fondamentaux de ces petits.

Même si aucun consensus n’a pu se dégager, et même si le père ou la mère s’y oppose, il suffit qu’un des parents le demande pour que le magistrat puisse ordonner une résidence alternée, à titre provisoire, et pour une durée déterminée. C’est à l’issue de ce délai, après bilan, qu’il statuera définitivement.

Mais il existe des parents résolument hostiles l’un à l’autre et imaginer les réconcilier en leur imposant une garde alternée relève de l’utopie. Il n’est pas évident que l’intérêt de l’enfant soit sauvegardé.

Les tout petits et les ados ne sont pas des plus malléables et les magistrats hésitent encore à leur imposer ce type de système. Par contre, ils auront tendance à être plus fermes sur le principe et à imposer ce système pour les enfants à partir de 3 ou 4 ans, jusqu’à 12 ou 13 ans.

Des besoins changeants et des droits de garde révisés

En fonction, de son âge, la parole de l’enfant doit être entendue, ce qui ne signifie pas qu’elle doit être automatiquement suivie. L’enfant peut avoir des difficultés à dire pour ne pas blesser un des 2 car souvent le désir exprimé de vivre totalement chez un des parents est vécu comme un abandon par l’autre. Il est pourtant parfois nécessaire pour un enfant (et surtout un adolescent), de vivre une période de coupure avec l’un de ses 2 parents. Il est nécessaire que le mode de garde soit révisé très régulièrement car les besoins de l’enfant changent tout au cours de sa vie et rester « coincé » sur un mode de garde qui peut être intéressant à un moment, peut se révéler dangereux à un autre moment.

La résidence alternée recèle malheureusement trop souvent deux types de préoccupations : aucun parent ne veut céder une parcelle de ses droits à l’autre. On va alors vers un système extrêmement rigide, ou rien ne peut être remis en cause. « Non tu n’iras pas à l’anniversaire de ton copain Paul, c’est ma semaine et c’est moi qui décide.»  Un des parents veut bloquer l’autre en l’obligeant à s’occuper du gamin. « Ah, il a une minette à la maison, et bien il va voir ce que c’est de s’occuper de deux ados râleurs. Ça va lui pourrir la vie ! » Pas de quartier ! Pas de cadeaux ! C’est la vie des enfants qui en est pourrie.

Dans les faits, la résidence alternée ne peut être une réussite que si les parents sont assez adultes pour que l’enfant soit réellement au centre de leurs préoccupations, pour que chacun l’autorise à aimer l’autre, que le couple parental existe, se parle, se sourie, et se souvienne toujours que ce n’est pas le minutage du temps passé chez l’un et chez l’autre qui est essentiel, mais la qualité de ce temps passé ensemble. L’enfant peut alors vivre harmonieusement l’alternance.