Le regard sur l’enfant et sa parole, la fragilité physique et psychologique des jeunes abusés, leur difficulté à dévoiler et la volonté de rendre visible ce qui est invisible ont traversé, le Congrès international du BICE (Bureau International Catholique de l’Enfance), organisé le 20 mai 2015 à Paris. Les abus dont l’inceste, n’épargnent aucun groupe social, aucun pays et les notions de sujet de droit, bientraitance, prévention, résilience ont été portés par des intervenants venant de tous les coins du globe.
Inscription de l’inceste dans le code pénal et adoption de la loi sur la protection de l’enfance par l’Assemblée nationale
La secrétaire d’état à la famille a insisté sur l’avancée symbolique de l’inscription de l’Inceste dans le code pénal et sur la signature par France a aussi signé le 3è protocole de la CIDE qui dit que l’enfant est « sujet de droit » C’est aussi un message aux professionnels pour qu’ils accordent à la parole de l’enfant toute sa place, qu’ils sachent dire ses droits à l’enfant.
La loi sur la protection de l’enfance s’appuie sur l’intérêt de l’enfant, ses besoins fondamentaux, la bientraitance et la promotion du respect de l’enfant.
Le BICE et le travail de résilience
La défenseur des enfants salue le travail de résilience conduit par le BICE qui depuis 1948, défend la dignité des enfants, les accompagne dans le développement de tous leurs potentiels. Le devoir des adultes est la bientraitance, l’abus sexuel est la pire des maltraitances, car elle détruit l’enfant de l’intérieur. C’est une vraie calamité sur tous les continents qui est la plupart du temps, ignorée, occultée. Il faut en parler, écouter pour surmonter, c’est un long processus de résilience et pour que l’enfant se reconstruise ne pas négliger la spiritualité, l’art, le beau, l’humour aussi qui permet la prise de distance
Vers une approche holistique dans la considération des abus sexuels
Le Portugal, la France et le Pérou ont présenté les abus sous la dimension du droit, de la santé physique mais aussi psychologique : l’interdisciplinarité est nécessaire pour considérer l’enfant dans sa totalité et non de manière fragmentée. La justice devrait mieux s’adapter aux enfants qui ont besoin d’être accompagnés dès qu’ils rejoignent le système judiciaire. Les UMJ d’Orléans (Unité Médico Judiciaires) sont citées en exemple.
Les jeunes ayant subi des abus sont fragilisés, ils peuvent fuguer, s’alcooliser, devenir anorexiques, prendre des toxiques, tenter de se suicider ; leur estime de soi est détruite, leur angoisse est grande, certains risquent la délinquance. Il faut beaucoup d’empathie pour les aider au dévoilement et il leur faut beaucoup de courage. Le processus qui les conduit à la résilience est long, il nécessite des interactions entre tous les professionnels qui vont les prendre en charge, s’ils veulent être promoteurs de bien-être ; et aussi la prise en compte du contexte, des relations et des éléments sociaux et culturels car l’être humain est multidimensionnel.
Bonnes pratiques dans l’accompagnement des victimes d’abus sexuels
Au Togo, les CLP (Comités locaux de Protection) est particulièrement intéressant parce qu’elle associe les communautés, forme les leaders, se font reconnaitre par les chefs locaux : un début de changement des mentalités est constaté, les règlements à l’amiable disparaissent.
A Saint- Pétersbourg c’est un système de collaboration entre, justice, santé, éducation et experts qui a été mis en place, puis dernièrement une unité de réhabilitation en hôpital.
Au Chili, il a fallu prendre en compte le fait que la matrice culturelle favorise la violence. Les interventions sont situées : chaque être est unique et l’on prend en compte les valeurs actuelles et passées de sa famille.
Au Cambodge c’est tout le problème du tourisme sexuel qui a conduit à mettre en place « Opération enfants du Cambodge ».
Prévention et détection d’abus sexuel sur internet
Partout le Net est accessible, même dans la brousse, on constate une plus grande précocité sexuelle. « Internet est un immense Pornoland » !
Un nouveau terme apparait qui correspond à une nouvelle réalité : « Le sexting ».Au travers de messages accompagnés d’images plus ou moins sexy qui peuvent être diffusées à l’infini. Le harcèlement par sexting a conduit certains, plutôt certaines au suicide. Pour le prévenir, un slogan et un film : « Je pense d’abord, je n’envoie pas ! ». On pense aussi à des outils pédagogiques et à des ateliers pour les professeurs et les professionnels.
Consultez la Déclaration finale du congres du BICE.